Aujourd’hui j’ai la tronche en vrac et peu l’allégresse / Les poches aussi vides qu’le programme politique du PS / Je m’emmerde comme toi devant mon jus de raisin / Le moral à zéro en lisant le journal du matin / Les gens rêvent de voyages mais sont déjà perdus / Il pleut des cordes sur ma génération de pendus / L’air du temps n’a aucun goût on dirait du Balzac / C’est chiant comme un weekend camping dans le Larzac / J’éteins ma télé c’est étrange derrière l’écran / Y’a des connasses écervelées dans des clips pour adolescents / Des pubs pour du dentifrice qui rend sociable et beau / Des biscuits amincissants en guise de placebo / J’imagine autre chose puis retombe un peu plus bas / La routine enfonce ses maigres doigts dans mon tuba / Plus personne respire y’a de la pub jusqu’aux églises / Le temps se fout de nous en mâchouillant son réglisse / Constat : ce monde est triste comme un hiver / Je m’y blotti tranquille entre deux lignes de faits divers / J’ai rien à foutre du coup je traine sur les pavés / Me sentant plutôt bien dans cette ambiance dépravée
Relis le Voyage illustré par Jacques Tardi / Laisse tourner du Oxmo tout au fond de ce mardi / La ville ensoleillée émerge et puis s’enfonce / Rue de la Ré les filles sont belles mais sans fond / Allé trinquons à l’hystérie et à l’amour / On tiendra l’coup comme 200 types à Alamo / L’époque est indécise comme l’adresse d’un forain / Rien ne se perd, tout se transporte en commun / La fin du monde c’est p’t’être la mort de la raison / L’oraison qui aspire nos vies dans sa prison / On dira bien c’qu’on veut tout ça c’est de la bricole / J’écris pour transporter les miens quand ils picolent / En bref rien de nouveau sinon deux-trois sorties / Dans mon jardin secret je cultive des orties / Pour peindre l’époque j’ai ma sueur en guise d’enduit / Et puis un joli texte à fredonner les jours d’ennui
Constat : ce monde est triste comme un hiver / Je m’y blotti tranquille entre deux lignes de faits divers / J’ai rien à foutre du coup je traine sur les pavés / Me sentant plutôt bien dans cette ambiance dépravée