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Lucio Milkowski vol​.​I

by Lucio Milkowski

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1.
Premièrement je ne suis ni rappeur ni chanteur / Et à vrai dire j’me fous pas mal de tes commentaires / J’perds mon temps à faire le pitre comme Groutcho / Ma vie c’est pas le Hip Hop, ma mère m’appelle pas Lucio / Oublie le côté exotique, tu m’verras pas en soirée / Je vis le vide avec des livres dans 12m2 / Pour être honnête j’n’ai que l’ennui pour égérie / Eux parlent de misère en exhibant leur Blackberry Mon vrai prénom c’est Ludo, fils d’un père ouvrier / A cheval sur les principes le pied bloqué dans l’étrier / Jamais dans la tendance comme un vieux walkman Akai / Gosse de la banlieue est lyonnaise comme Knai / J’ai qu’mes potes et pas de groupies, du flow mais pas de roupies / Dégoupille des couplets la gueule bouffie comme Droopy / Les mecs me parlent de sapes quand je manque de m’étouffer / Tu m’appelleras artiste quand ce texte me fera bouffer Pour être franc moi je ne voulais pas grand-chose / Au moins rester dans l’ombre comme Gérard Encausses / Leur mouv est un gonzo quand je fais dans l’érotique / Je pense souffrir de manque d’ambition chronique / Ma vie n’as rien de rock, je suis même un peu chiant / Et à mes heures perdues je pratique un peu l’chant / Mes textes ne parlent ni de flingues ni de putes / Ni de religion, ni de flamme, ni de lutte / J’suis le type le plus commun que tu croiseras aujourd’hui / Sans casquette, sans Echo, sans mimiques et sans baggy / Un peu timide, d’où cette arrogance parfois / Et quand tu viens m’voir en concert j’suis plus gêné que toi
2.
Aujourd’hui j’ai la tronche en vrac et peu l’allégresse / Les poches aussi vides qu’le programme politique du PS / Je m’emmerde comme toi devant mon jus de raisin / Le moral à zéro en lisant le journal du matin / Les gens rêvent de voyages mais sont déjà perdus / Il pleut des cordes sur ma génération de pendus / L’air du temps n’a aucun goût on dirait du Balzac / C’est chiant comme un weekend camping dans le Larzac / J’éteins ma télé c’est étrange derrière l’écran / Y’a des connasses écervelées dans des clips pour adolescents / Des pubs pour du dentifrice qui rend sociable et beau / Des biscuits amincissants en guise de placebo / J’imagine autre chose puis retombe un peu plus bas / La routine enfonce ses maigres doigts dans mon tuba / Plus personne respire y’a de la pub jusqu’aux églises / Le temps se fout de nous en mâchouillant son réglisse / Constat : ce monde est triste comme un hiver / Je m’y blotti tranquille entre deux lignes de faits divers / J’ai rien à foutre du coup je traine sur les pavés / Me sentant plutôt bien dans cette ambiance dépravée Relis le Voyage illustré par Jacques Tardi / Laisse tourner du Oxmo tout au fond de ce mardi / La ville ensoleillée émerge et puis s’enfonce / Rue de la Ré les filles sont belles mais sans fond / Allé trinquons à l’hystérie et à l’amour / On tiendra l’coup comme 200 types à Alamo / L’époque est indécise comme l’adresse d’un forain / Rien ne se perd, tout se transporte en commun / La fin du monde c’est p’t’être la mort de la raison / L’oraison qui aspire nos vies dans sa prison / On dira bien c’qu’on veut tout ça c’est de la bricole / J’écris pour transporter les miens quand ils picolent / En bref rien de nouveau sinon deux-trois sorties / Dans mon jardin secret je cultive des orties / Pour peindre l’époque j’ai ma sueur en guise d’enduit / Et puis un joli texte à fredonner les jours d’ennui Constat : ce monde est triste comme un hiver / Je m’y blotti tranquille entre deux lignes de faits divers / J’ai rien à foutre du coup je traine sur les pavés / Me sentant plutôt bien dans cette ambiance dépravée
3.
Nous sommes la pointe du Billboard, celle plantée dans le béton / MC postillonard avec des antipops en laiton / Le rap est trop cheap genre étoiles sur les tétons / Un samedi aprèm en ville à la belle saison / Tout ira bien grand si tu renfloues ton MP3/ Avec ta tronche de réformé P4 écoute et tais-toi / « Et mais t’es qui toi ? », demandent-t-ils de leur mine sotte / Lucio Bukowski et l’beatmaker qui a la côte / On représente Lyon mais surtout nos livrets A / Indispensable aux filles comme un tube de Nivéa / A défaut d’en avoir c’est juste un égotrip qui cogne / Parce qu’on a plus de jus que de pointards en Bourgogne / Pour crâner on écrit des petits poèmes d’esthètes / Tout ira bien chérie si tu fous ça en mode « répète » / Intemporels comme Keith Murray, la gueule de Marvin Hagler / On représente pas la jeunesse, nous sommes des quasi trentenaires / On a poussé tranquillement sur des fonds de Pete Rock / A l’époque y’avait encore du Johnny sur Skyrock / Maintenant ils sont tous B-boy et le hip hop est fun / Un peu gay multicolore inassumé qui parle de gun / Tout ira bien frangin t’auras plus qu’à apprécier / La prod de malade et le barbu dans ton PC (X2) On a l’style qui fait des tâches et puis des cuivres sous la pédale / Poto t’aimes pas dégage ou bédave ça m’est égal / Tout ira bien puisque les filles dansent sur nos chansons / Elles sont pas toutes mignonnes mais au moins y’a l’intention / On fait de l’art et c’est cool, mais ça fait pas grailler / Et des pantins font du fric avec du rap au lait caillé / Braguette entrebâillée depuis que le hip hop est ouvert / Ils frottent du GHB sur ton mic et tes couverts / Bukowski-Milka une sorte de digital crochet / Disons qu’on renvoie ton rap direct à Monrochet / Ils disent qu’ils déchirent mais rectal est leur toucher / Ça sent l’hépatite, l’Industrie devrait se doucher / Y’a des MC’s trop ringards qui viennent pourrir mon myspace / Qui écoute encore 2Pac et toujours pas Isaac Hayes / Fait chier, ma culture part en croute dans ce pays / Et ma FNAC est vide comme une chanteuse de R&B / Fils d’ouvrier du BTP écoutant BDP / CDD phrasé renvoie les wacks en CAP / Entêté mais sans Despé, plus tenace qu’une MST / Disons qu’on a débuté là où toi t’étais resté / Ondes radio à molester, petit bide à bien lester / Je plagie MTV tous les matins dans mes WC / Mon époque m’a séquestré, laissé les tympans blessés / J’en écoutais en SVT, ex-voto sur MPC / Il faut que ce soit dit : nous sommes le vrai hip hop / Et on tombe toujours à pic comme un distrib’ à capotes / Tout ira bien mon frère si tu débarque au concert / Avec une copine obèse et des pistaches en conserves / Tout ira bien si le track tourne dans ta hifi / Me dit pas que t’as pas l’temps les ASSEDIC ont la wifi / Rien sur les ondes, appelons ça l’envers du slip / Et toujours pas de pétasses blondes dans nos vidéo-clips
4.
J’arrive a jeun de là où les gens fuient l’orage / Les pieds dans le ruisseau et la colombe bien en cage / Je suis l’homme dans la cité, un peu dépravé / Je suis l’ombre des chansons, errant sur les pavés / Bien obligé d’en rire quand on a que l’humour / Il y a bien La Tendresse mais Le Pendu vit sans amour / Depuis mon enfance et l’âge idiot voici 10 ans / Je pratique le hip hop, et la valse à mi-temps / Je ne sais pas si la lumière jaillira demain / Au printemps ou jamais et mille pardons si j’en sais rien / Sur la place il pleut, et cela depuis hier / Ne me quitte pas sans avaler une dernière bière / Les désespérés poursuivent la mort sur le macadam / Et c’est comme ça je crois de Vesoul à Amsterdam / Quand maman reviendra le Bon Dieu sera déjà loin / Du côté de l’ivrogne et des paumés du petit matin En digne moribond j’allume le gaz et puis attends / De réveiller la flamme de la chanson des vieux amants / Les Marquises et les Bourgeois ont leurs châteaux en Castille / Pendant que les singes de mon quartier caillassent la Bastille (X2) L’amour est mort, mais les cœurs tendres attendent toujours / L’aventure finie en litanie pour un retour / Il neige sur Lyon quand je sors de la baraque / Traine entre les Filles et les Chiens avec le Grand Jacques / Je suis un soir d’été, aux environs de Mai 40 / Les vieux se rappellent encore de mes chansons décapantes / Tous parlent de temps mais je ferai bien sans lui / Merde, Pourquoi faut-il que les hommes s’ennuient / Avec élégance je salue bien bas mes pairs / De Bruxelles à Varsovie après les bonbons l’éther / Des chansons sans paroles dégringolent par les fenêtres / Quand Fernand et Clara achèvent leur tango funèbre / Je suis de ces timides qui allument la mèche par les deux bouts / On oublie jamais rien et surtout pas de vivre debout / De vaines prières païennes mais la haine nous restera / Nous sommes tous ces condamnés attendant leur dernier repas En digne moribond j’allume le gaz et puis attends / De réveiller la flamme de la chanson des vieux amants / Les Marquises et les Bourgeois ont leurs châteaux en Castille / Pendant que les singes de mon quartier caillassent la Bastille
5.
J’ai toujours fréquenté plus de murs que de filles nues / Entre routine et rapines grise est mon avenue / A garder jalousement sa rage serrée entre les dents / Je vis le vide en attendant le bus de minuit pétant / Je plaisante et reconstitue mes rêves en braille / Et bois ma torpeur avec des glaçons à la paille / En attendant qu’le temps me rattrape à la rame / Moi je mise tapis sur des pompes cardiaques en panne / 1000 nuits à tuer, première symphonie de Brahms / Attendre l’instant où de nouvelles défaites s’entassent / Nous sommes les restes d’une époque sans appétit /Avec des déceptions heureuses tout au fond des rétines / Nostalgiques comme le boxer poète et son flingue / Je traine avec le parfum d’un ange sur mes fringues / J’écris par maladie pas pour baiser en fait divers / Car la vie est courte comme un micropénis un soir d’hiver Billie dans le jux box, des ciels me poussent sous l’épiderme / Que je déchire en lambeau et puis revend en dépit d’air / Poitrine en guimauve mosaïque de bris de lune / Nuage à particules au cœur d’une épaisse brume / Lisant Bukowski je pensais poèmes et filles / Mort des chimères à l’heure où la nuit se déshabille /J’oscille entre cœur de silicate et silicone / Avec des types genre Louis Calaferte en p’tites icônes / Je suis l’erreur à l’état pur, ma poésie en ligature / Victime de ma propre dictature, une p’tite rature / « T’assures » ils disent, ça réchauffe mais ne soigne pas / A 27 piges ma saleté de noirceur ne s’éloigne pas / Je parcours la ville en vie, loin des viles envies / Zigzaguant entre des foules de marionnettes sans fils / Qui s’enfuient loin de folles minutes qui s’enfilent / Pour finalement flotter, se réincarner en cil / Ensuite… rire de bon cœur tout ça n’est pas si noir / Juste que parfois le sort est une vraie patinoire / J’avais les mots et puis plus rien, sinon de l’à peu près / Chacun sa façon de traverser cette solitude peuplée (X2)
6.
Ma maitrise du second degrés te cramera au troisième / Poto laisse-moi être l’iceberg dans ta croisière / Aux chaises musicales 20 ans que la tienne reste vacante / Tu resteras l’éternel 51 au Top 50 / Ton crew a clôturé son myspace depuis qu’j’écris / J’nique tout et les tiens se battent pour ramasser les bris / Bukowski-Milka et v’là que ta soupe est toute gâtée / Tu veux un feat ? Ok, ramène un pote qui sait rapper / J’ai dans mes fouilles ma créatine et un stylet / Prolifique comme une nympho catholique sans stérilet / J’ai 4 albums d’avance dans mon placard à punchlines / Rien que du frais pas de sample cramé à la Sunshine / Tout ira bien si tu fous ça dans ta R5 / Mon son excite aussi les pucelles comme les L5 / Déjà classique comme Ludwig et le système métrique / Lucio Bukowski : Notre Seigneur Jésus en phonétique On me dit que c’est maladif ma tendance à l’égotrip / Les autres MC’s détalent avec une bonne diarrhée aux trippes / Moi j’pige rien à tes rimes comme un dyslexique sous fix / Le rap n’assume pas ta plume donc elle est née sous X / J’emmerde les vieux puristes et leur morale bien nourrie / Me branle de tes disques inaudibles de Public Enemy / Le rap a ses chiens de garde : ce ne sont que des roquets / Qui finiront par reprendre du 2Pac dans un karaoké / Au royaume des malentendants Laurent Bouneau est roi / Les bons textes aussi rares qu’un vieux tapin encore étroit / J’ai la rime, le flow, la façon, la prod et toi ? / Tu veux être fat ? Ok tu peux toujours soulever des poids Ton équipe : une belle brochette d’handicapés du flow / Toi contre moi c’est Max Pecas face à François Truffaut / Nos tracks rendront même les vieilles concierges aphones / Télécharge l’application « gros wack » pour ton IPhone / Après nous les autres MC’s font grimper les TS / A Lyon le rap n’est plus qu’une pute des subventions du PS / J’vais te dire leur truc est presque moins Original / Qu’une meuf ou qu’un pauvre con qui se fait tatouer des étoiles Mes influences vont de Destouches à Proudhon / Donc comprend que le dernier Hocus j’m’en bat les roustons / Ignore-moi, j’préfère toujours ça à ton blog / Si c’était mieux avant t’as qu’à te mettre à la zik baroque / Notre truc c’est comme la dure mais par un autre conduit / Aucun budget, nan, mais des bonnes idées comme Gondry / J’ai appris le name dropping auprès de Dumile Daniel / Eteint-moi ce briquet je ne suis pas Patrick Bruel / Ma maitrise du second degrés te cramera au troisième / Poto laisse-moi être l’iceberg dans ta croisière / Aux chaises musicales 20 ans que la tienne reste vacante / Tu resteras l’éternel 51 au Top 50

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released April 29, 2011

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Lucio Milkowski Lyon, France

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